Que feriez-vous si vous n’aviez pas peur ?
-Mark Zuckerberg
J’ai toujours eu peur de l’échec. De tomber. De ne pas être à la hauteur, pas assez bien. Qu’on se moque de moi pour ça. Pourtant j’ai bien caché mon jeu, je ne prenais pas de risque mais j’étais considérée comme une enfant sage et calme. Je me fichais totalement de l’image physique que je renvoyais aux autres jusqu’au CM2. J’étais une froussarde, pas vraiment aventurière mais je m’en fichais, quand je ne faisais pas quelque chose c’est parce que je n’en avais pas envie ; pas parce que je redoutais le regard de l’autre.
En CM2 j’ai continué à me moquer de ce que les gens pensaient. Les adultes étaient jaloux de mon insouciance et de mon je m’en foutisme. Je ne jugeais pas sur l’apparence, pourquoi d’autre le feraient ? Et même si c’était le cas, peu m’importait (et m’importe toujours) puisque mes habits me plaisent, ma coiffure est pratique et que ce n’est pas eu qui vivent dans mon corps. Seulement en CM2 il s’est passé des choses, une chute de confiance en moi à suivi. Je me suis largement effacée, j’ai eu peur de tomber.
Je savais qu’on m’attendais à chaque échec pour m’enterrer, plus profondément. Je n’ai pas pris de risque. Vraiment pas. J’étais déjà moqué en réussissant, imagines-toi en échouant.
Je fais mon pauvre petit canard, excuse moi. Mais j’ai besoin de ça pour justifier la morale de l’histoire.
Des années plus tard, j’apprends à essayer même si je sais que je tomberais. Peu importe les moqueries au final. J’ai essayé de faire un salto arrière dans la piscine, je n’ai pas eu peur d’être ridicule, je m’en suis sortie avec le dos cuit… Oui, bon… Je ne suis pas douée, j’ai été ridicule mais j’ai essayé, réessayé… Et je n’y arrive toujours pas haha… Mais qu’importe au fond ? Je fais ce qui me plait.
Il y a moins de deux semaines. C’est là que je veux en venir. Là je suis vraiment tombée. Tu sais pourquoi ? Parce qu’on m’attendait au tournant. De l’extérieur je peux passer pour une fille douée à l’école, bosseuse, scolaire… Il n’est rien de tout ça, j’ai juste réussi à m’adapter au système scolaire français. Pour moi il n’y a rien de glorieux à sauter une classe, avoir brevet et bac avec mention. Qu’est-ce que ça prouve ? Rien. A quoi ça sert de jalouser ce genre de chose ? Rien. J’ai eu la chance de m’adapter. C’est tout.
Malgré tout je le savais, on attendait que je tombe là où je paraissais exceller. Je suis tombée. C’est pas facile moralement, pas par fierté mais… Par justice ? Je ne sais pas. Peut-être aussi par fierté, si, finalement. Tant de travail, je me suis dépassée, j’ai travaillé dur (comme beaucoup, la majorité des PACES). J’ai trouvé ça injuste parce que pour une fois, j’ai travaillé pour mes études… Et pourtant…
Quoiqu’il en soit, je ne sais plus trop où je voulais en venir haha… Mais je savais que le risque de me planter était grand. Infini même.
Mais maintenant que je suis tombée une fois, que j’ai vu que ça fait mal mais qu’on s’en relève je n’ai plus peur. La peur de mal faire, de ne pas réussir et de déranger : voilà mes peurs que la PACES efface peu à peu. J’accepte d’être moi-même, de vivre en tant que personne, d’imposer le fait que « oui je ne suis pas là pour te plaire, non je n’ai pas à me taire pour te faire plaisir ». J’ai les larmes aux yeux rien que de réaliser toutes ses années passées à m’adapter à tout le monde sans qu’on ne s’adapte à moi. Toutes ces choses que je n’ai pas dite de peur de froisser ou blesser. Toutes ces choses que j’ai accepté. C’est terminé. Une page se tourne. Et pour ça je ne pourrai jamais assez remercier cette année de merde qu’est la paces. Merci de me laisser devenir quelqu’un, merci de me rendre plus égoïste. Merci de ne pas me laisser attendre d’avoir 40 ans et avoir l’impression d’avoir laissé ma vie aux autres.
Article écrit le 27 janvier 2017.
Aujourd’hui, 21 février 2017, je ne pensais pas publier cet article. Un mois plus tard, en relisant ces mots je sens toujours l’émotion. J’accepte beaucoup plus de dire ce que je veux et d’accomplir ce que je veux accomplir sans penser à ce que pourraient en penser ceux qui m’entourent. Le jour où je mourrai je serai seule face à moi-même, seule face à mes regrets. Mieux vaut tard que jamais. Il n’est d’ailleurs pas trop tard, il n’est jamais trop tard pour devenir la personne que l’on veut être.
ORSO.
PS : Je le répète, la paces c’est dur mais ça a des bons côtés (avec du recul). Pour toi, c’est quoi les bons côtés de la paces ?